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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/171

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de notre sort. Par l’étouffante petite rue aux murailles de terre, des messagers vont et reviennent, nous rapportant l’espoir.

Il se repent, le caïmacam, de nous causer tant d’ennui. Nous laisser passer par Pétra, il est probable qu’il n’y consentira pas, de peur d’engager sa responsabilité vis-à-vis de son gouvernement et du nôtre ; ce serait vraiment un peu risqué en ce moment-ci, au dire même de Mohammed-Jahl, qui ne répond de nous que jusqu’aux limites de son territoire et parle avec une certaine crainte de batailles livrées hier aux environs de Kérak et de Tafileh.

Mais peut-être nous laissera-t-il aller directement à Gaza, en traversant par son milieu le désert de Tih, ce qui serait un voyage de dix ou douze jours, dans des régions bien moins fréquentées encore que celles de Pétra et de la mer Morte, — à la condition de nous faire escorter par un officier et deux soldats turcs de la citadelle d’Akabah, dont nous payerions, bien entendu, les chameaux, la nourriture et les rançons au besoin. Cette dernière clause prouve surtout qu’il se méfie de nous, qu’il a quelque soupçon inavoué d’espionnage à cause de notre insistance à passer, sans les autorisations spéciales, dans la région interdite où la Turquie vient de commen-