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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/179

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Cependant, j’aperçois là-bas mes tentes, espèces de cônes presque blancs, parmi les vagues murs de boue carminée qui composent le village, et, comme ce cimetière n’a d’autre issue que celle par où je suis entré, j’imagine, pour aller dans cette direction-là, d’escalader le mur, — le mur de cailloux et de terre séchée qui alors se dérobe sous mon poids, dans un nuage de poussière, avec un bruit d’éboulement, et ouvre tout à coup une brèche de deux ou trois mètres de long, — tandis que je m’enfuis à toutes jambes de peur des Bédouins qui viendraient, émus de cette violation, punir le profanateur…



Au camp, tous nos gens sont debout, domestiques, cuisiniers, interprète, dans une agitation et un désespoir extrêmes : c’est que les Bédouins du désert de Pétra, amenant nos chameaux, viennent d’arriver, et les ont réveillés, sabre en main, passé minuit, pour se faire faire par force un souper avec ce que nous avions de meilleur, invitant même à la fête tous les rôdeurs affamés d’alentour :