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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/186

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de regard noir, et musclés comme les amours païens. Et le kamsin souffle, et, sur la foule excitée, sur les haillons, sur les cuivres brillants des armes, sur les cris, les gestes, les convoitises et les menaces, des vols de grandes sauterelles jaunes s’abattent avec un crépitement de grêle…



Cependant, le caïmacam, paraît-il, est réveillé. Il n’a pas changé d’idée en dormant, Allah en soit béni, et c’est bien en Palestine qu’il nous permet de nous rendre. Les papiers de départ, les contrats avec Mohammed-Jahl, s’écrivent lentement en arabe, dans sa vieille maison là-bas, au tournant de la petite ruelle aux murailles de terre.

Et le chargement de nos chameaux est commencé. Mais nous prévoyons qu’il s’opérera avec lenteur : dix fois, quand l’un est chargé et prêt à partir, quelque personnage armé, aux yeux de fauve, aux dents blanches, surgit mécontent qui, avec des imprécations, jette le tout par terre.

Par instants, Mohammed-Jahl, que je puis suivre des yeux au milieu des groupes, à cause de son bâton de commandement toujours levé, fonce comme un bélier sur moi. C’est pour me prendre à témoin