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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/187

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de quelque énormité que notre guide a commise : il a voulu diminuer la caravane d’un chameau, par économie ; il a lésiné sur le prix d’un mouton, ou bien il n’a pas donné à un tel la récompense promise. Et, chaque fois, je dois suivre le vieux cheik sur le lieu de la dispute… Cependant, dès qu’il s’adresse à moi, son œil et son geste aussitôt s’adoucissent ; tenant ma main dans sa très petite main à lui, c’est délicatement et avec une nuance de haute courtoisie qu’il m’emmène…



Enfin, enfin, c’est conclu, réglé, signé ; tout le monde est d’accord.

Mes compagnons de route, déjà montés sur leurs dromadaires, j’allais monter aussi sur le mien aux jambes d’ibis, quand on vient me dire que le grand cheik a besoin de me parler encore.

Alors je retourne sur mes pas et le cherche dans la foule ; je tenais, d’ailleurs, à prendre congé de lui avant le départ. Au fond de la place, le voilà qui débouche de la petite ruelle du caïmacam, très excité, furieux, le regard terrible ; deux autres vieillards, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche, le tiennent par les mains, deux vieux cheiks magnifiques