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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/193

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Notre campement du soir est au milieu des montagnes, dans une de ces gorges de granit, profondes, aux parois verticales, où les caravanes de passage aiment s’arrêter, parce qu’on y est à l’abri des grands vents et qu’on s’y fait une illusion de murailles protectrices contre les surprises nocturnes.

Là-haut, entre les roches, dans la découpure de ciel visible, se sont allumées les sept étoiles du hariot de David, et la lune du ramadan se tient au zénith, demi-disque couleur de vermeil clair ; la nuit, toujours merveilleuse, vient de descendre sur nous, avec des transparences extrêmes, d’étonnantes nettetés et pourtant des indécisions de rêve.

Toute notre caravane est là, au grand repos ; les gens, assis par petits groupes choisis, autour de feux ; les Turcs ensemble ; ici, des Bédouins de Pétra ; ailleurs, nos Arabes syriens ; ailleurs encore, les quatre voyageurs inconnus. Et les chameaux, une trentaine, sommeillent à genoux parmi les hommes.

Il y a des groupes rapprochés et des groupes lointains, échelonnés jusqu’à l’entrée des couloirs d’om-