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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/206

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XXIX

Ils s’approchent pourtant d’une allure inoffensive, et nous nous observons les uns les autres : gens de bien mauvaise mine, en effet, demi-nus sous des guenilles ; jeunes presque tous, bien plantés malgré leur maigreur extrême, nobles d’attitudes et de lignes ; mais des figures de pauvres loups affamés, des regards de cruauté et de souffrance. Ils ne sont guère plus de trente et nous sommes vingt-cinq ; en outre, nous avons trois fusils à répétition dans notre bande ; la partie serait donc au moins égale, — et c’est aussi leur avis, sans doute, car, en arrivant sur nous, ils biaisent cauteleusement, après nous avoir salués, et vont s’asseoir sur le sol, où ils prennent des airs de gens qui s’arrangeraient là pour dormir.