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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/208

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Le vélum de sombres nuages, qui nous avait couverts pendant la journée, s’est légèrement soulevé, détaché de l’horizon, du côté occidental, et le soleil couchant, énorme et rouge, est descendu dans cette étroite ouverture, tout bas, tout au ras des étendues terrestres.

Cependant la petite troupe hérissée de fusils gagne rapidement les extrêmes lointains ; pygmées à présent, les voleurs de désert, et bientôt perdus au fond de l’immensité plane. « C’est une ruse, ils reviendront cette nuit ! » dit Hassan, qui les regarde disparaître…

Maintenant, le soleil est à demi plongé derrière le désert ; on ne voit que la moitié de son disque de feu rouge, comme en mer les soirs de calme, mais ses rayons ont assez de force encore pour dessiner nos ombres, qui sont de longues raies parallèles, des raies infinies sur la plaine. Et une grande chamelle blanche, seule debout parmi notre caravane couchée, les contours sertis d’une ligne d’or, fait sa bête géante, en silhouette contre la lumière qui va s’éteindre. Elle pousse un long cri mélancolique vers ce soleil qui s’abîme là-bas, dans sa pleine splen-