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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/210

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et des cigarettes ; il y a l’officier turc qui nous accompagne ; il y a le petit cheik Hassan ; son cousin Aït, cheik des chameliers, et l’un des cinq voyageurs inconnus, qui nous a paru un personnage de qualité, digne de s’asseoir en notre compagnie.

Tous pratiques de ce désert, ils sont préoccupés des rôdeurs de ce soir et s’attendent à un retour offensif de leur part dans le courant de la nuit. Nous convenons donc de veiller à tour de rôle, d’avoir les armes prêtes et de placer aux quatre vents, des sentinelles avancées.

Puis nous causons et la connaissance s’ébauche entre nous tous.

L’officier turc est de Bagdad, — vieux rouleur qui a passé sa vie dans les postes des solitudes.

Le voyageur inconnu, qui a nom Brahim, est un cheik d’une tribu du Nord, riche en bestiaux, un prince de Cédar (Ésaïe, lx, 7 ; Ézéchiel, xxvii, 21). Il vient de passer quatre ans en captivité chez un cheik du Sud plus puissant que lui, pour brigandage et assassinat sur les territoires de ce dernier ; il s’en retourne à présent dans son pays, avec quatre fidèles serviteurs. C’est un vieillard à barbe grise, dont le mince visage régulier et dur disparaît presque sous les plis retombants d’un voile de la Mecque.