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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/212

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sauvage ! Et des coups de feu : pan ! pan ! pan ! pan !… Et, aussitôt, une clameur d’ensemble, cris de guerre, cris de rage et de frayeur, voix de fausset qui hurlent à la mort !…

Par ma porte que je soulève, je vois tous nos Bédouins qui courent, affolés, dans la même direction, demi-nus, chemise au vent, semblables à un vol de grands oiseaux que le plomb fait lever… Tactique absurde du reste, car nous ne savons plus sur qui tirer, nous, qui sortons de nos tentes éveillés en sursaut, et tout éblouis de rayons de lune…

Nous n’apercevons là-bas qu’une mêlée où ne se reconnaît personne… Et nous restons ici plutôt, rivés soudainement par l’instinct de garder nos bagages précieux, de rallier nos trois Syriens autour de nous…



D’ailleurs, la fusillade déjà cesse, les cris s’apaisent, le calme retombe. Et ils se replient sur le camp, les coureurs étourdis ; l’alerte n’a pas duré trois brèves minutes…

Les voilà revenus tous, très excités encore et parlant à la fois.

— Mais quoi, demandons-nous, qu’est-ce qu’il y a ? Est-ce fini ?