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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/213

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Ce sont les veilleurs du côté sud, qui ont vu des hommes s’approcher en rampant sur la terre ; et, dès qu’ils ont poussé le cri d’alarme, disent-ils, ces brigands ont tiré sur eux. Mais à présent, ils se sont enfuis, nous ayant vus sur nos gardes, — et on les a perdus de vue au loin.

Mon Dieu, c’est bien possible, ce récit-là. Mais peut-être aussi les veilleurs ont-ils rêvé — ou tiré sur de vagues ombres, autant par frayeur que pour se donner le mérite et l’illusion d’une petite guerre. La vérité, nous ne la saurons jamais ; ce qu’il y a de sûr, c’est que personne n’est blessé chez nous ; le seul homme qui soit rentré un peu sanglant déclare s’être entaillé lui-même avec son sabre.

Devenus presque sceptiques, à la réflexion, nous avertissons nos Bédouins, pour une prochaine attaque, de ne pas prendre la volée du côté de l’ennemi, car alors nous tirerions au hasard dans le tas, avec nos fusils rapides.

Puis nous nous rendormons sur nos deux oreilles, jusqu’au jour.