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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/214

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XXX

Samedi 17 mars.

Le même voile de ouates grises qui nous couvrait hier s’est de nouveau tendu sur nous, à la pointe de l’aube, après le coucher de la lune ; nous nous éveillons sous un ciel d’une funèbre obscurité.

Et nous recommençons à faire route vers le nord, dans ce désert d’un gris jaunâtre, qui semble n’être plus rien que l’étendue, — l’étendue sous sa forme la plus simple, mais aussi la plus excitante à courir. Le vent, qui souffle presque froid au-dessous de ce grand linceul de nuages, stimule la vie, lui aussi, pousse au mouvement, à la vitesse, et jamais encore nous ne nous étions sentis tant grisés d’espace et de vide.

Le désert se maintient lisse et pareil ; au loin, pourtant, sous de lourdes nuées qui traînent, des