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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/217

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d’œil, la voûte, qui était si basse et si menaçante, se fond de tous les côtés à la fois ; et le soleil reparaît, tout de suite rayonnant, tout de suite chaud ; et le vent, qui s’engouffrait si froid dans nos vêtements, sur nos poitrines, devient une caresse tiède.

Et puis, les broussailles recommencent à se montrer ; non plus celles du Sud, non plus la délicieuse myrrhe, que nous regrettons, ni la plante inconnue qui emplissait le désert d’un parfum comme celui des pommes mûres, mais des genêts et des hysopes.



Le cheik Brahim, qui me comble, lui aussi, de ses prévenances, fait coucher devant moi son dromadaire et veut à toutes forces que je le monte pour la journée : « Une bête merveilleuse, dit-il, et dont je serai certainement ravi. »

En effet, une toute petite bête effilée, qui trotte sans secousses, ainsi qu’un cheval rapide ou une gazelle. Au lieu d’une selle monumentale comme était la mienne, il n’a sur le dos qu’une simple houssine en cuir tailladé, ornée de perles et de coquilles. Et, sitôt que je le touche à la naissance du col, avec mon bâton en forme de feuille de lotus,