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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/220

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Dès que nous avons mis pied à terre devant nos tentes déjà montées, le jeune cheik de Pétra me prend par la main pour me mener voir cette eau précieuse.

J’attendais une belle source jaillissante et c’est, dans le sable et la boue, une mare qui n’a pas trois mètres de longueur. On y a déjà puisé pour nous-mêmes ; à présent, vient le tour de nos chameliers et de nos chameaux ; ils entrent tous là-dedans jusqu’aux genoux, et les bêtes, buvant en même temps que les hommes, font tomber dans l’eau leur fiente musquée.

Autour du camp, il y a presque des arbustes, acacias épineux, genêts à fleurs blanchâtres, qu’entretient le voisinage de cette mare, — et cela rend le lieu favorable aux embuscades, aux attaques de nuit, aux arrivées de voleurs qui se cachent et qui rampent. Il est, du reste, inusité pour nous de camper parmi des arbustes et de voir ce va-et-vient entre les tentes et une aiguade où l’on remplit les outres. Dans cette espèce de bocage triste, perdu au milieu de telles étendues de désert et que dore en ce moment la lumière de cinq heures du soir, c’est tout un semblant de vie pastorale que nous avons apporté là pour une fois, — tandis que, au-dessus de nos têtes, tourbillonne avec indécision un grand