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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/219

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apparaît et nous nous y trompons tous deux : une eau d’un bleu si beau, où semblaient se mirer des arbres ! — qui n’étaient que l’agrandissement en longueur des maigres broussailles du désert…

Puis bientôt il y en a partout, de ces eaux tentantes, qui fuient devant nous, se déforment, changent, débordent, s’en vont ou reviennent ; grands lacs ou rivières qui serpentent, ou simples étangs qui reflètent des roseaux imaginaires…

Il y en a toujours davantage, et c’est comme une mer qui peu à peu nous envahirait, une inquiétante mer qui tremble…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mais, vers midi, en deux ou trois minutes, brusquement toute cette fantasmagorie bleue s’évanouit comme si on avait soufflé dessus. Plus rien que les sables desséchés. Net à présent, réel, implacable, reparaît le pays de la soif et de la mort.



Nous voulons coucher ce soir en un lieu appelé l’Oued-Gherafeh, où il y a de l’eau, — de la vraie, et même une eau renommée au désert de Tih, — ce qui nous fait arriver de très bonne heure au campement.