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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/222

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plumage très soigné ; elle est encore chaude, et ses grands yeux jaunes, restés ouverts, nous regardent avec une intelligente tristesse de chat.

Donc, nous creusons une petite fosse dans le sable.

Quand la chouette est au fond, couchée sur le dos, ses ailes descendant le long de son corps comme un manteau de moine, elle nous regarde encore, fixement, obstinément, avec une expression de reproche étonné qui nous fait mal.

Sur les pauvres yeux jaunes qu’on ne reverra plus jamais, sur les belles plumes si bien lissées qui vont pourrir, nous jetons d’abord le sable ; puis, nous roulons par-dessus une lourde pierre, pour assurer le calme à cette sépulture…

Assez puéril, je le reconnais, ces deux Bédouins enterrant si pieusement une chouette, à l’heure où s’abîme et s’éteint le grand soleil d’or, au milieu des solitudes du désert de Tih…



Le soir, au clair de lune, comme Hassan prévoit une attaque pour cette nuit, nous prenons nos dispositions de combat, distribuant les postes à nos Bédouins, de concert avec l’officier turc, et compo-