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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/237

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« Les chameaux sont-ils passés ? » C’est la question que l’on pose chaque jour, dans un demi-sommeil, sur le sol brûlant, après le repos méridien. Cela veut dire : « Nos bagages, nos bêtes de charge, tout ce qui nous suit dans la matinée, pour nous rejoindre pendant la grand’halte et nous précéder ensuite jusqu’au soir, tout cela est-il passé ? Et est-il temps pour nous-mêmes de remonter en selle et de repartir ? »

— Oui, depuis une demi-heure, ou depuis une heure, répond à la cantonade une voix bédouine.

— En route, alors ! Ramenez les dromadaires ! (I allah, djib djimmel !)

La tête encore dans le rêve, on s’étire et s’éveille. Au premier plan de la vue éblouie, c’est la tente avec ses éclatants bariolages, ses inscriptions arabes blanches sur fond rouge, ses tapis persans ; et plus loin, par la large ouverture des toiles, c’est, au-dehors, l’étincellement morne des cailloux et des sables, avec la silhouette de quelqu’un de nos chameliers accroupi en plein soleil.

Ils paissaient là-bas, les dromadaires, disséminés