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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/241

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giroflées lilliputiennes et de microscopiques œillets. En même temps, le ciel est devenu plus septentrional ; la lune, plus effacée sous des vapeurs, s’est entourée d’un halo ; de longs nuages étirés en queue de chat trament dans le ciel, et l’horizon est sombre ; la nuit arrive mélancolique et voilée sur cette région d’herbages.

Nos Bédouins, sentant venir le froid d’une contrée plus humide, prennent leurs vêtements de peaux à longs poils et se coiffent tous suivant l’usage des nuits d’hiver, en s’enveloppant la tête et la gorge d’un voile brun dont les deux bouts doivent saillir de chaque côté des tempes comme de longues oreilles de lièvre.



Au milieu de tant de minuscules fleurettes, habite aussi une fleur géante, espèce de quenouille jaune qui sort sans feuilles d’une racine bulbeuse.

Le cheik Aït, errant au dernier crépuscule, trouve la plus énorme de toutes et la cueille pour me l’apporter. Il a, comme les autres, mis son sayon de peau de chèvre et fait sa coiffure de nuit en oreilles de lièvre ; il sourit, montrant des dents presque trop blanches, fines comme des dents de loup ; avec les