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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/243

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XXXIV

Mercredi 21 mars.

Comme l’atmosphère est déjà changée ! Ce n’est plus cet air vif et desséchant qui passait, irrespiré, sur un monde sans vie, tout de pierres et de sable. Non, c’est quelque chose de moins âpre peut-être, mais d’infiniment moins pur, où l’on sent comme les lourdeurs du printemps et l’haleine des prairies.

Il est vrai, à part un troupeau de gazelles qui détale le matin sur notre droite, nous ne rencontrons rien de vivant pendant les huit ou dix lieues de l’étape d’aujourd’hui. Ce sont encore des régions inhabitées, mais ce ne sont plus les sonores déserts.

Et c’en est fini des jeux de lumière, des mirages. Fini aussi, des étrangetés géologiques : les collines ont des formes ordinaires, et des nuances connues où le vert bientôt dominera.