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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/251

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Campé le soir sur l’herbe humide et sous le ciel gris, au milieu des immenses plaines d’orge de Chanaan.

C’est dans le voisinage d’une très riche tribu, dont le cheik vient aussitôt me faire visite sous ma tente et m’inviter à souper sous la sienne. Il est admirablement beau, avec un nez d’aigle et de grands yeux longs, pleins de caresses ; son voile de soie lamée à rayures multicolores est attaché à son front par des cordelières d’or ; il porte deux burnous superposés, l’un blanc et l’autre noir, dans lesquels il se drape avec une grâce royale.

J’accepte seulement d’aller prendre chez lui le café traditionnel, et je m’y rends à l’heure du soleil couchant, en compagnie des cheiks Hassan et Aït qui sont devenus de mes inséparables.

C’est un peu loin, au vent froid du soir, dans la verte plaine qui, à cette heure, se dore sur le luisant des herbages, d’un or déjà plus pâle et plus septentrional que celui du désert.

Sa tente de réception, en poil de chameau comme toutes celles de la tribu, est ouverte en grand sur la campagne, et elle est vide, avec seulement quelques