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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/252

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belles armes, çà et là suspendues. Il me fait asseoir près de lui sur un tapis ; ses deux frères ensuite, à nos côtés ; puis le jeune cheik de Pétra, puis son cousin Aït, — et on allume par terre un feu de branches pour préparer ce café que nous allons boire.

Un à un, commencent d’arriver une foule d’autres personnages qui, après m’avoir touché la main, s’accroupissent devant nous, formant bientôt une silencieuse assemblée : notables de la tribu, austèrement coiffés de voiles de la Mecque, vieillards pour la plupart, aux belles têtes encadrées de barbes blanches.

Et on voit au loin, par-dessus cette ligne de majestueuses figures, le cercle de la plaine, l’infini des orges vertes, le chenillement des tentes innombrables tout le long de l’horizon occidental, et le défilé des troupeaux qui rentrent, des moutons qui bêlent tassés en masse compacte, des bœufs qui mugissent, des veaux qui sautent, des chiens bergers qui jappent affairés : toute la richesse de notre hôte superbe, passant là sous nos yeux, au soleil mourant, dans un dernier rayon d’or.

C’est une tribu de pasteurs. Ce cheik possède tous les territoires d’alentour, bien plus loin que ne porte la vue. Il nous apprend qu’il change de campement chaque mois ; pendant que le café circule