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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/253

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dans les toutes petites tasses, il nous confie aussi qu’il vient de faire deux ans de captivité dans les prisons turques, pour vol et brigandage.

Il avait souvent entendu parler de la redoutable famille Jahl, qui détient, entre cousins ou frères, tout le désert de Pétra, tout le pays d’Édom ; mais il n’avait jamais rencontré aucun de ses membres. Il témoigne à Hassan ses sentiments de déférence et l’interroge avec intérêt sur les batailles de Kérak, sur l’arrivée des réguliers turcs de Damas, sur tous les récents événements du désert. Et Hassan prend ici des allures de prince que je ne lui connaissais pas encore ; il conte, à l’auditoire ébloui, que chaque année, après le ramadan, son père Mohammed-Jahl se rend en douze jours, suivi d’une nombreuse caravane, au Caire où le khédive ne manque jamais de lui donner deux cents sacs d’orge avec cent livres d’or.



En me retirant, pour n’être pas en reste avec le beau cheik, je l’invite à venir à la veillée, accompagné de ses frères, prendre à son tour le café sous ma tente.