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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/262

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couleurs des robes et des burnous de Palestine… Dans la ruelle des faiseurs de babouches, nous rencontrons les cheiks Hassan et Aït, en train de s’acheter des bottes en maroquin rouge avec, sous le talon, la haute ferrure qui sert à écraser les serpents ; un de leurs hommes les accompagne, portant sur les bras leurs précédentes emplettes, des ornements pour tête de dromadaire en verroteries et en coquillages. Alors nous nous joignons à eux pour continuer nos courses ensemble, comme une bande d’enfants barbares, éblouis par tout ce qui brille aux étalages d’ici.

La nuit tombe quand nous rentrons sous nos tentes, au milieu des cimetières, chargés tous d’éclatantes et inutiles choses.

Devant notre camp, sont les collines hérissées de tombes, où nos chameaux paissent encore, dans l’ombre envahissante.

Et, derrière nous, c’est la ville, dont les minarets, en l’honneur du ramadan, s’illuminent chacun d’une couronne de feux.



Le ciel s’étoile à l’infini et, vers l’Occident, la lumière zodiacale trace une persistante balafre de