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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/269

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Du reste, ils ont laissé partout leurs traces ici, les croisés, et on risquerait de remuer de leurs ossements, si l’on fouillait ce vieux sol saturé de débris et de morts. La citadelle turque, commencée au xiiie siècle, retouchée, changée à toutes les époques de l’histoire, offre sur ses murs un mélange de fines découpures sarrasines et de lourds blasons de chevalerie, où poussent à présent les lichens, les plantes des ruines.



Dans les quartiers hauts, nous nous arrêtons en un point d’où se découvre toute la Gaza grise aux maisons de terre, ses quelques minarets, ses quelques dômes blanchis environnés de palmiers ; puis, les restes de ses remparts, d’époques imprécises, dont le plan ne se distingue plus et qui se perdent dans les cimetières. Un monde, ces cimetières envahissant la campagne ; dans l’un d’eux, sous un sycomore, des femmes en groupe pleurent bruyamment quelque défunt, suivant les rites officiels, et leurs lamentations chantantes s’élèvent jusqu’à nous. Beaucoup de beaux jardins ombreux, beaucoup de sentiers bordés de cactus, par où remontent des cortèges d’ânons apportant en ville de l’eau dans des outres. Et enfin, la mer lointaine, les orges tout en velours