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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/271

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cimetières, regardant le va-et-vient des lézards, qui sortent de la terre en peuplades toujours plus nombreuses. Sur toutes les dalles chaudes qui recouvrent les morts, ils se poursuivent et jouent. À la pointe de toutes les bornes funéraires, ils sont deux ou trois qui se dressent haut sur pattes et qui se dandinent bizarrement.

L’air devient lourd, lourd ; l’air s’obscurcit sans nuages visibles ; le soleil, terne et jaune tout à coup, n’éclaire plus, semble mourir ; son disque se dessine sans rayons, comme vu au travers d’une vitre fumée, et on dirait que la fin des temps est proche. — C’est un coup de kamsin qui va passer, ce sont les déserts voisins qui vont souffler sur nous…

Dans une subite rafale, un grand vent se lève, amenant des tourbillons de sable et de poussière… Je vois venir du désert, je vois venir de la terre épouvantable, comme des tourbillons chassés par le vent du Midi, pour tout anéantir. (Ésaïe, xxi, 1).



Sur le soir, la tourmente sèche est apaisée et les promeneurs reparaissent. Nous recevons la visite du gouverneur de la ville, l’aimable prince kurde, et de quelques prêtres musulmans. Puis nos chevaux