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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/273

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die, de couleur sanglante, qui surgit à l’horizon ; puis l’incendie se condense en une masse de feu rouge, toujours plus ronde, en une boule qui monte, qui tout de suite blanchit comme de la braise subitement avivée et qui de plus en plus nous éclaire. C’est un disque de feu argenté, maintenant, qui s’élève rayonnant et léger, qui verse de la lumière plein le ciel… Et, sur ce fond lumineux, des minarets s’élancent, des palmiers dessinent leurs fins panaches noirs ; tout ce qui, avant, n’existait pour ainsi dire plus, se révèle à nouveau, mille fois plus charmant que dans le jour, transfiguré en grande féerie orientale… Tandis qu’en face, les cimetières étagés qui nous dominent s’éclairent graduellement du haut en bas ; une lueur douce, un peu rosée, qui a pris naissance au sommet des tombes, continue de grandir et de s’étendre en descendant, comme une lente tache envahissante, puis finit par plonger jusque dans le bas-fond où nous sommes : amas de nomades, de gens et de bêtes, autour de feux qui s’éteignent… Et alors, on y voit magnifiquement sous la belle lune éclatante !…



La lune est haute. C’est l’heure que les Bédouins attendaient pour partir. — Et voici le défilé très