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Page:Loti - Roman d’un enfant, éd. 1895.djvu/121

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LE ROMAN D’UN ENFANT

tondues court, que dessèche et dore le soleil d’août. — Au-dessus des « gleux » de l’île, habités par les sauterelles, remontent et refleurissent très haut de tardifs bleuets et surtout des pieds-d’alouette, blancs, violets ou roses.

Donc, les matins d’hiver, dans mon lit, avant de commencer ma lecture, je regardais toujours cette branche de fleurs d’une teinte encore fraîche, qui me donnait la vision et le regret des champs d’Oleron, chauffés au soleil d’été…

« Alors j’entendis un ange, qui volait par le milieu du ciel et qui disait à haute voix : « Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre ! »

« Puis le cinquième ange sonna de la trompette et je vis une étoile qui tomba du ciel en la terre, et la clef du puits de l’abîme lui fut donnée. »

Quand je lisais ma Bible seul, ayant le choix des passages, c’était toujours la Genèse grandiose, la séparation de la lumière et des ténèbres, ou bien les visions et les émerveillements apocalyptiques ; j’étais fasciné par toute cette poésie de rêve et de terreur qui n’a jamais été égalée, que je sache, dans aucun livre humain… La bête à sept têtes, les signes du ciel, le son de la dernière trompette, ces épouvantes m’étaient familières ; elles hantaient mon imagination et la charmaient. — Il y avait