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Page:Loti - Roman d’un enfant, éd. 1895.djvu/208

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XLVII


Les lettres de mon frère, écrites serré sur leur papier très mince, continuaient d’arriver de temps à autre, sans régularité, au hasard des navires à voiles qui passaient par là-bas, dans le Grand Océan. Il y en avait de particulières pour moi, de bien longues même, avec d’inoubliables descriptions. Déjà je savais plusieurs mots de la langue d’Océanie aux consonances douces ; dans les rêves de mes nuits, je voyais souvent l’île délicieuse et m’y promenais ; elle hantait mon imagination comme une patrie chimérique, désirée ardemment mais inaccessible, située sur une autre planète.

Or, pendant notre séjour chez les cousins du Midi, une de ces lettres à mon adresse me parvint, réexpédiée par mon père.