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Page:Loti - Roman d’un enfant, éd. 1895.djvu/47

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VIII


On a avancé que les gens doués pour bien peindre (avec des couleurs ou avec des mots) sont probablement des espèces de demi-aveugles, qui vivent d’habitude dans une pénombre, dans un brouillard lunaire, le regard tourné en dedans, et qui alors, quand par hasard ils voient, sont impressionnés dix fois plus vivement que les autres hommes.

Cela me semble un peu paradoxal.

Mais il est certain que la pénombre dispose à mieux voir ; comme dans les panoramas, par exemple, cette obscurité des vestibules qui prépare si bien au grand trompe-l’œil final.

Au cours de ma vie, j’aurais donc été moins impressionné sans doute par la fantasmagorie changeante du monde, si je n’avais commencé l’étape dans un