Aller au contenu

Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



PROLOGUE


Seul de tous les sens de l’homme, le sens de la vue se perfectionne. Les Grecs ne distinguaient pas du noir le violet le plus éclatant.
Gœthe.


Hyacinthe n’avait jamais vu les dieux ni les nymphes, et il ne connaissait pas la porte fabuleuse, par où, vers la prairie des ombres, on descendait.

Il était homme, et il se désolait de savoir que toujours il resterait homme, que toujours un horizon inévitable enfermerait la joie de ses yeux.

Il comprenait bien que sur l’Olympe, et plus haut que l’Olympe dans l’Éther divin, un monde infiniment merveilleux était, qui aurait caché le soleil et voilé les étoiles lointaines si les regards humains l’avaient pu distinguer dans la lumière glorieuse.

Il croyait bien qu’au creux des sources vivaient des formes adorables, chevelues, d’un vert plus lucide autour d’un visage tellement plus pâle, et