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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/16

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II


Un soir, comme elle s’éveillait à peine et songeait à reprendre son rêve parce qu’un long fleuve de jour jaune luisait encore derrière la nuit de la forêt, son attention fut attirée par le bruit des roseaux près d’elle, et elle vit l’apparition d’un Cygne.

Le bel oiseau était blanc comme une femme, splendide et rose comme la lumière, et rayonnant comme un nuage. Il semblait l’idée même du ciel de midi, sa forme, son essence ailée. C’est pourquoi il se nommait Dzeus.

Lêda le fut considérer, qui volait en marchant un peu. De loin, il tournait autour de la nymphe, et la regardait de côté. Quand il fut tout auprès, il s’approcha encore et, se haussant sur ses larges pattes rouges, étendit le plus haut qu’il put la grâce onduleuse de son col, devant les jeunes cuisses bleuâtres et jusqu’au doux pli sur la hanche.