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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/109

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« Voilà des figues, voilà des gâteaux, un rayon de miel, du vin, une femme. Il faut manger les figues pendant qu’il fait jour, et la femme quand on n’y voit plus ! »

C’était la petite qui rentrait en riant. Elle fit asseoir le jeune homme, se mit à cheval sur ses genoux, et les deux mains derrière la tête, assura dans ses cheveux châtains une rose qui allait glisser.

Démétrios eut malgré lui une exclamation de surprise : elle était complètement nue, et ainsi dépouillée de la robe bouffante, son petit corps se montrait si jeune, si enfantin de poitrine, si étroit de hanches, si visiblement impubère, que Démétrios se sentit pris de pitié, comme un cavalier sur le point de faire porter tout son poids d’homme à une pouliche trop délicate.

« Mais tu n’es pas femme ! s’écria-t-il.

— Je ne suis pas femme ! Par les deux déesses, qu’est-ce que je suis, alors ? un Thrace, un portefaix ou un vieux philosophe ?

— Quel âge as-tu ?

— Dix ans et demi. Onze ans. On peut dire onze ans. Je suis née dans les jardins. Ma mère est Milésienne. C’est Pythias, qu’on appelle la Chèvre. Veux-tu que je l’envoie chercher, si tu me trouves trop petite ? Elle a la peau douce, maman, elle est belle.

— Tu as été au Didascalion ?