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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/172

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Bientôt, il n’y eut plus rien d’éclairé dans la vaste salle, que le fantôme triste et pâle de la Sainte ; mais plus les alentours s’obscurcissaient de noir, plus elle-même s’illuminait de blanc.

Elle paraissait grandir, bouger, remuer les yeux.

Un souffle d’air venait du paysage animer les plis de ses vêtements.

Elle penchait la tête.

Elle parla enfin :

— Cécile…

La pauvre petite, presque morte d’effroi, tomba sur les genoux.

— Madame… dit-elle.

Puis, se reprenant comme une enfant sage, et pensant, à propos, qu’il fallait dire « ma sœur » à toutes les religieuses, elle murmura poliment :

— Ma Sainte…

L’apparition répondit :

— Ne crains pas.

— Oh ! je n’ai pas peur, dit Cile, toute blanche, mais je suis bien intimidée… Pardonnez-moi, ma Sainte.

Tout en parlant, elle considérait le costume flottant de l’Immortelle, la tunique brune, le scapulaire, les pieds nus dans les sandales, et, par-dessus toute la stature, le vaste manteau blanc comme une lumière.