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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/173

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— Viens plus près, dit la Sainte, plus près. Que puis-je pour toi ? As-tu quelque chose à me dire, ou plutôt, à me demander ?

Cile s’enhardit :

— Plutôt à vous demander, ma Sainte. Il y a tant de choses que je voudrais savoir ! Et vous devez savoir tout, puisque vous venez du ciel.

— Eh bien, je te permets de me poser trois questions. Trois, pas une de plus. Je t’écoute. Et je te répondrai, mon enfant.


Tout de suite, l’enfant posa la première :

— Pourquoi me défend-on de venir ici ?

La Sainte lentement répondit :

— Parce que les poutres, et les planches, et les feuilles, et les gravures de toute cette bibliothèque sont le tronc et les branches et les feuilles et les fleurs de l’Arbre de la Science du Bien et du Mal.

— La Science du Bien et du Mal, répéta l’enfant. Qu’est-ce que c’est ?

— C’est la connaissance de la Vie.

— La Vie… répéta-t-elle encore. Oh ! qu’est-ce que sera ma vie ?

La Sainte frissonna imperceptiblement.

— Ce serait ta dernière question, petite Cile, réfléchis bien ! N’aimerais-tu pas mieux m’en poser une autre ?