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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/152

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Lorsqu’ils se levèrent et qu’elle sentit de nouveau le bras d’Aimery serré autour de sa taille :

« Pourquoi nous toucher ? dit-elle. Si loin que tu sois, il me semble toujours que tu me caresses. »

Ensemble ils montèrent le perron et l’escalier du petit château, jusqu’à la chambre de Psyché. Après leur soirée dans la Tour, c’était là qu’ils avaient passé la nuit, et ils y revenaient, d’un accord tacite, invinciblement conduits l’un par l’autre.


Les rideaux des fenêtres tirés, la chambre fut assombrie d’une obscurité soudaine, à laquelle, peu à peu, les yeux s’habituèrent. Aimery et Psyché se perdirent de vue, puis se réapparurent. Elle sentit avec un nouveau frisson la main masculine ouvrir les agrafes de la chemisette, l’épingle et les quatre fermoirs de la jupe, les cordons mêlés des jupons, les grands boutons plats du pantalon tiède… Elle-même décroisa le busc de son petit corset et tira ses longs bas qui jonchèrent le reste ; puis, avec ce joli mouvement de pudeur malavisée qui accompagne souvent la chute de la robe, elle vint se blottir contre son amant, comme s’il devait la protéger, comme si l’ennemi était quelque part, dans la nuit, on ne savait où, mais ailleurs que dans ses bras.

Une plainte faible, une voix révélatrice d’un sentiment inexprimable sortit de ses lèvres lorsque Aimery s’étendit à côté d’elle et tout de suite leurs bouches se trouvèrent. Il la laissait tendrement se