Aller au contenu

Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réveiller au désir dans une étreinte passionnée mais vierge et qui ne sollicitait rien. Psyché restait presque immobile. De sa chasteté perdue il lui était resté une réserve indécise qui s’altérait en intimidation. Elle ne craignait plus tant de pécher que peut-être de mal pécher. Elle ne rougissait plus seulement de sa faute supposée, mais de son inexpérience certaine. L’amour lui était à ce point inconnu qu’elle en ignorait même les préliminaires ; et, simplement embrassée, elle se troublait comme une jeune fille qui, à sa première leçon de valse, ne saurait pas deviner quelle main elle doit mettre sur l’épaule de son cavalier. C’étaient des questions à voix basse : « Mon bras te fais mal… Non ?… Est-ce vrai ?… Ma jambe te pèse… Es-tu mieux ainsi ?… » Autant que sa pensée pouvait se délivrer de ses sens dans un pareil instant, elle cherchait à rassembler dans sa mémoire le peu qu’elle avait pu retenir des romans et des poèmes écrits par des amants… Mais Indiana et Don Paëz ne suffisaient pas à l’instruire. Elle se disait : « Je n’ai pas d’usages. » Tous les doutes la laissaient hésitante. Sa chemise, qui ne lui donnait aucune protection, était-il puéril de la conserver ou inconvenant de la quitter ? Sa coiffure bouleversée, devait-elle la défaire ? D’une voix douce comme un souffle elle murmura : « Veux-tu mes cheveux ? » Et comme il lui répondait : « Oui », elle retira sa broche de nuque, son peigne, ses fourches d’écaille