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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/154

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blonde, ses épingles de fer et d’or, et secoua la tête en arrière, ouvrit toute sa chevelure, retomba sous elle dans les bras d’Aimery, heureuse et attendrie encore d’avoir eu cela de plus à lui donner.

Les cheveux innombrables se répandirent si légers qu’un instant leur chaleur odorante fit seule pressentir leur caresse. Ils se confondaient avec l’ombre. Aimery n’en trouvait pas la vague limite cendrée. Si loin qu’il étendît les bras il touchait toujours les douces boucles, qui fuyaient de ses doigts en ondes fines. Psyché l’enveloppait, soulevée sur un coude, le bordait comme un enfant dans ce grand voile animé qui était une moitié d’elle-même ; ses yeux brillaient d’une expression bien plus maternelle qu’amoureuse ; elle était contente, elle respirait vite, et, plus bas, Aimery attirait vers lui la chère tête devenue toute petite, enfermée dans le creux de sa main.

Cette chevelure les unissait, faisait de leur couple un seul être, une chrysalide entourée de soie où germait leur métamorphose. C’était un asile plus intime et plus étroit même que le lit ; c’était le cœur de leur cœur, le saint des saints de leur extase nocturne. Psyché brûlante et maintenant agitée se sentit là enfin dans le secret. Elle n’accueillit plus les caresses d’Aimery avec ce recul frissonnant du flanc qui se dérobe et qui n’ose éprouver. Toute sa nudité chaste, sa peau moite et tendre accepta l’étreinte de la tête aux pieds, et quand,