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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/57

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Psyché Vannetty était prête à s’évanouir quand elle rentra chez elle, ferma la porte de sa chambre et se jeta sur son lit, le visage dans les mains.

« Toujours résister, c’est à devenir folle ! » avait-elle dit pendant la scène épuisante qu’elle venait de subir. Et cette phrase de sa bouche se répétait constamment à ses oreilles, comme prononcée par une autre voix.

Toujours résister ! toujours se heurter à ce désir de l’homme ! et lutter contre lui, contre soi, contre tout ! Mon Dieu ! pensait-elle, je n’ai aucun mérite à n’être ni larronne ni meurtrière, je n’ai pas en moi d’instinct qui me pousse à dépouiller ou à tuer mon semblable et je ne rencontre pas à tous les coins de rue des gens qui me disent mystérieusement : « Tiens ! prends ! ceci est sous ta main, personne ne t’observe, tu n’as rien à craindre ! Tue ! Cet homme est sans défense, voici l’arme, on n’en saura rien ! » Mais dès qu’il s’agit de l’amour, c’est