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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/193

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m’arrête. Cette feuille immaculée rougirait dans sa candeur. « Ça n’est pas pour les jeunes filles. »

Hier, M. Dietz nous lisait une lettre de Voltaire à Mme du Deffand en réponse à cette question : Pope est-il supérieur à Virgile ? Voltaire lui tenait à-peu près ce bête de langage : « Savez-vous le latin, Madame ? Non. Car, si vous le saviez, vous n’auriez comparé personne à Virgile. » — « Eh bien oui, nous disait M. Dietz, il y a toujours eu des gens qui posaient pour n’aimer que les anciens. Et pourtant !… Ce ne serait peut-être pas mon rôle de vous dire cela ici, mais dans la littérature latine il y a bien en tout six à sept cents beaux vers, deux cents de Lucrèce et cinq cents de Virgile. On peut y trouver aussi de temps en temps quelques belles choses en prose. Mais qu’est-ce que sept cents vers auprès des trésors de la littérature anglaise ? Et quant à la littérature grecque, j’imagine que c’est une mauvaise plaisanterie (sic). Il n’y a pas un élève de philosophie à Paris qui sache assez de grec pour le comprendre et l’aimer. Alors, à quoi bon ?

« Et remarquez bien que déjà, au temps de Louis XIV, à l’époque où notre littérature était loin d’avoir acquis son complet développement, où, en dehors des contemporains, pas un auteur français n’était goûté, où on ne connaissait pas la littérature anglaise, où la littérature allemande n’était pas née, il y avait déjà des gens, et des gens de