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Page:Louÿs - Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, 1927.djvu/23

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Tertia, un peu rouge et prise de fou rire, se cacha les yeux. La petite continua :

« Elle est si naïve qu’elle se branle encore à son âge et elle a un tel tempérament qu’il faut changer ses draps au milieu de la nuit. Tu dis que je l’embrasse gentiment ? c’est que je suis un peu gousse et qu’elle a toujours le foutre de plusieurs jeunes filles dans sa bouche. Ce n’est pas un parfum, c’est un mélange.

— Ah ! fit le roi qui était volontiers laconique en ses réparties.

— En ce moment, il faut pardonner à son trouble. Elle est si émue qu’elle en est distraite. Nous nous sommes aperçues trop tard, pendant que nous lui mettions un lys dans les cheveux, qu’elle avait encore par erreur, un godmiché dans le derrière. »

Mais Tertia n’était plus troublée du tout. Le visage du roi l’avait rassurée. Elle osa parler, et dit :

« Simple étourderie, papa.

— Pour une étourderie, celle-là est forte !

— Toute jeune fille a ses habitudes intimes, et ses principes.

— Tu as des principes ?

— Je n’en ai qu’un. Je ne me branle jamais sans avoir un godmiché dans le cul. Ce soir, mon godmiché ne me gênait pas : j’ai oublié de le retirer. »

Le roi se croisa les bras :

« Or çà, dit-il, j’ai interrogé ta sœur sur ce qu’elle savait le mieux : la amorale, Toi, Tertia, qu’est-ce que tu sais le mieux ?

— La pudeur.

— Prouve moi par trois fois qu’en ce moment, tu observes les lois de la pudeur, et je te tiendrai quitte du reste.

— Plus de trois fois ! La première, c’est que j’ai une che-