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Page:Louÿs - Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, 1927.djvu/61

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— Je me pollue.

— Elle se pollue ! répéta Tertia qui pleurait de gaîté. Eh bien, dis comment tu te pollues.

— Je me mets nue comme la Sainte. Pour me faire honte à moi-même, je tiens entre mes jambes une petite glace où je vois toutes mes parties honteuses et leur ignominie et je rougis des pollutions que je commets sous mes yeux. Parfois je m’assieds au bord d’un fauteuil devant ma grande glace et j’invente les plus sales postures afin d’en rougir davantage. »

Elle s’interrompit, haleta un instant, et dit :

« Aucune mortification ne me serait plus cruelle, mon père, que si je me polluais devant vous ! D’ailleurs, je ne saurais sans cela poursuivre cette confession qui m’embrase.

— Elle a envie de se polluer ! fit Tertia dans un nouveau rire. Ne retrousse pas ta robe, tu es ridicule ! Puisque l’émotion te coupe la parole, attends qu’on te déshabille et qu’on te présente. »

Le déshabillage accompli, Tertia reprit avec autorité :

« Tes mains derrière le dos ! tu te pollueras plus tard. Mortifie-toi d’abord en te présentant toi-même. Qu’est-ce que c’est que çà ?

— L’impudicité de mon sein nu. Les mamelons allongés par mes attouchements. Les stigmates de mes souillures.

— Et ces cheveux noirs ?

— Un voile que la Providence fait croître devant mes parties secrètes pour m’en dérober la vue.

— Elle n’y réussit guère. Et çà ?

— L’obscénité de mes lèvres honteuses.

— Pourquoi as-tu fait un nœud à tes poils ?