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Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/228

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crachais dans la ruelle après chacun de tes baisers. Tu ne sauras jamais ce que je sentais dans ma chair, quand tu entrais dans mon lit ! Oh ! comme je t’ai bien détesté ! comme j’ai prié Dieu contre toi ! J’ai communié sept fois depuis le dernier hiver pour que tu meures le lendemain du jour où je t’aurais ruiné. Qu’il en soit comme Dieu voudra ! je ne m’en soucie plus, je suis libre ! Va-t’en Mateo. J’ai tout dit. »

Je restais immobile comme une pierre.

Elle me répéta :

« Va-t’en ! Tu n’as pas compris ? »

Puis comme je ne pouvais ni parler ni partir, la langue sèche et les jambes glacées, elle se rejeta vers l’escalier, et une sorte de furie flamba dans ses yeux.

« Tu ne veux pas t’en aller ? cria-t-elle Tu ne veux pas t’en aller ? Eh bien ! tu vas voir ! »

Et, dans un appel de triomphe, elle cria :

« Morenito ! »