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Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/137

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abandonné leurs chambres voisines pour quémander ailleurs les douces lassitudes qui guérissent de l’insomnie.

Quoi qu’il en soit, la blanche Aline s’enfuit dans une hâte presque bruyante, encouragée par le mystère où son premier départ était demeuré caché.

Elle courut par les bois au Miroir des Nymphes, et d’abord n’y vit personne.


L’eau ruisselait et gloussait toujours. Le mascaron diabolique et les deux nymphes très pâles sur le fond obscur des arbres étaient les seuls habitants de ce coin redevenu désert.

Line remonta vers le petit temple, fit du bruit, appela doucement.

Lente et lasse, Mirabelle sortit de l’ombre entre les colonnes.

Elle avait changé pour un autre son costume à basques d’argent ; il y eut une brève déception ; mais tout de suite on reconnut qu’elle était encore plus jolie ainsi vêtue à la moderne, et qu’au-dessus du grand col blanc ses cheveux plus sombres semblaient plus noirs.

Elle ne souriait pas. Elle soupirait fort. Travestie en amoureux de quinze ans, elle avait pris de-