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Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/215

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dans une robe de toile grise qui s’ouvrait en large col blanc.

Timidement pressée à son bras, Philis offrait avec sa sœur le contraste d’être nue — à moins qu’on ne voulût regarder comme des éléments de costume son grand chapeau de jardin, sa chevelure flottante sur le dos, et sa ceinture de moire écarlate qui se fermait sur le côté par un énorme nœud à coques. Ses grands yeux ne pouvaient pas avoir plus de quinze ans. Sa poitrine récemment fleurie portait deux jeunes seins divergents, tout roses de trouble et de plaisir. Elle ne quittait pas Giglio du regard.

— Voulez-vous me permettre de vous précéder ? dit M. Lebirbe en s’inclinant de nouveau.

— Oui, monsieur ! dit Giguelillot.

Au tournant d’un étroit couloir, le page, qui marchait le dernier, passa les deux mains sous les bras de Mlle Philis et l’attirant par la poitrine lui mit un baiser silencieux, mais exquis, derrière l’oreille.

— Ah ! cria-t-elle.

— Tu t’es fait mal ? demanda son père.

— Je me suis piquée. Ce n’est rien. Ne t’arrête pas.

Giguelillot, en cet instant, conçut l’opinion la