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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/101

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perds rien pour attendre. Je recommencerai tout à l’heure.

« Donc, à propos d’église… (nous en sommes loin !), un de mes amants eut cette année-là une fantaisie : celle de m’enculer dans une église de campagne. Devines-tu pourquoi ?

— Parce que tu étais pieuse ?

— Justement. Il a su que je faisais tous les jours une prière à la Sainte Vierge et que j’entrais souvent à l’église comme ça, pour rien, pour dire une petite prière. Alors, il m’a proposé… Et, toute pieuse que j’étais, j’ai dit oui tout de suite. C’est qu’aussi… »

Elle rêva un instant.

« C’est qu’aussi mes prières, tu sais… Je lui disais tout, à la Sainte Vierge, comme à toi. »

Je ne pus m’empêcher de sourire à cette phrase.

« Alors, poursuivit-elle, la Sainte-Vierge savait bien que je me faisais enculer depuis l’âge de huit ans puisque je lui demandais tous les jours de me protéger par là comme par la bouche, de choisir mes amants, mes gousses et de me faire jouir autant, aussi fort que possible. Aussi j’ai pensé que ça ne l’étonnerait pas, la Sainte Vierge, si elle me voyait. Un petit vicaire à qui j’ai raconté ça un soir dans mon lit m’a dit que j’avais fait ce jour-là un sacrilège épouvantable. Je ne m’en doutais guère.

« C’est même une des journées les plus gaies de ma vie. Nous sommes partis seuls en auto. Mon ami était assez jeune. En arrivant au village où il était connu, il s’est fait remettre les