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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/102

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clefs de l’église par le bedeau, sous prétexte de montrer le monument à une jeune fille. J’avais l’air sage comme une pensionnaire. Et je n’ai guère changé, d’ailleurs. Regarde-moi. Est-ce que j’ai une tête de putain ?

— Oh ! pas du tout !

— Maman le dit toujours : « Charlotte trouverait plutôt un mari que de se faire raccrocher en tramway ! » Et depuis une heure que je te demande de me traiter comme une salope, tu ne peux pas.

— Non, mademoiselle. Continuez l’histoire de vos dévotions dans cette église de campagne. Vos cheveux noirs sont les plus longs et les plus beaux du monde. Vous avez l’air d’une Madeleine.

— C’est la première fois que tu m’appelles putain ! » fit-elle en riant.

Mais je la ramenai à son récit.

« Donc, vous entrez tous deux avec les clefs de l’église. Je pense que vous fermez la porte à l’intérieur ?

— Oui. Et nous avons fait ensuite toute une scène, tant nous étions gais. Je me suis agenouillée dans la chapelle de la Vierge. Il est venu à moi : « Vous priez, mademoiselle ? — Non, monsieur, je me branle. — Et pourquoi vous branlez-vous ? — Parce que mon bouton me démange et autre chose itou que je n’ose vous dire. — Pourquoi tout cela vous démange-t-il ? — Parce que je ne peux pas me mettre à genoux sans avoir envie qu’on m’encule. » J’étais gosse ! on m’aurait fait jouer du matin au soir. Il s’est mis derrière moi ; mais les