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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/113

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J’ai eu depuis douze heures une femme inconnue, deux jeunes filles et une gosse, je n’en ai pas raté une…

— Non, mais penses-tu qu’on nous rate ? dit Teresa toute joviale.

— J’ai tiré six coups…

— Alors… Ça fait trois avec Charlotte. Et tu me demandes ce qu’elle a ?… Ne prends pas cet air stupéfait comme si tu allais me dire : « Je pense qu’il lui en faut davantage. »

— Merci de m’avoir soufflé.

— Je t’ai envoyé Charlotte, la dernière de mes filles, parce que c’est une compagne idéale pour les hommes fatigués.

— Merci encore.

— Tu venais d’avoir trois odalisques. Je me suis dit : « Cette bonne Charlotte le sucera : ils causeront pendant une heure et ils dormiront ensuite ». Charlotte est la douceur même. Elle est née pour dormir à côté d’un homme.

— Ah ! ça ! mais tu es aussi folle qu’elle ! car elle est folle, ta fille, folle à lier. Avec son air candide et las, elle est nymphomane, elle est onaniste, elle est masochiste à un point inouï, elle est tout ce qu’on veut en « iste » et en « mane »…

— Elle est tout ce qu’on veut comme tu dis ! fit Teresa qui se montait. On la moule comme de la pâte. Si elle est toquée cette nuit, c’est toi qui l’as rendue toquée. Est-ce que j’ai joui dans ton lit ? est-ce que je pouvais deviner qu’en donnant mes restes à ma fille, tu allais me la foutre en chaleur ? »

D’un sourire elle adoucit la violence de ses