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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/112

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Tu ramèneras ici une de tes amies ; tu la baiseras devant moi sans même regarder si je me branle ou si je pleure…

— Tu crois ça ?

— Et quand tu l’auras enculée, c’est elle qui me…

— Tu ne diras plus un mot ! criai-je, la main sur sa bouche.

— Je jouis ! je jouis ! » fit-elle entre mes doigts.

Cette fois, Charlotte, en jouissant, poussa des cris d’assassinée, qui m’épouvantèrent ; puis elle tomba dans une torpeur soudaine et si profonde qu’elle s’endormit sur la place.

Pâle comme le jeune homme du Rideau cramoisi, je cherchais à l’éveiller de cet évanouissement, quand j’entendis frapper trois petits coups à la porte d’entrée.

J’allai ouvrir et je vis Teresa en chemise :

« Tu la coupes en morceaux ? » fit-elle avec un visage de jeune maquerelle en bonne humeur qui me choqua, me rassura, me laissa muet.

Je la conduisis dans la chambre et lui montrai le corps de sa fille. Du premier coup d’œil elle vit les petits tremblements qui agitaient la hanche comme le flanc d’un cheval et sans inquiétude aucune elle revint avec moi dans la pièce voisine en fermant la porte.

« Qu’est-ce qu’elle a ? dis-je.

— Puceau ! répondit Teresa.

— Ça c’est raide, par exemple ! J’ai vingt ans, je suis à un âge où on se laisse intimider par toutes les femmes qu’on ne connaît pas…