Aller au contenu

Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124

plaisir que j’avais pris d’elle.

Le soir, je rentrai seul, pourtant. J’avais quelque dessein d’écrire.

Comme j’achevais de me déshabiller, on frappa vivement à ma porte. J’ouvris : c’était, à ma stupeur, Teresa, en peignoir rose, avec une fleur dans les cheveux.

Encore mal remis de ce que j’avais vu la veille, je la pris par le bras et, l’amenant jusqu’à ma chambre :

« Ah ! toi ! m’écriais-je, tu les entendras, les mots que je ne voulais pas dire à Charlotte ! C’est toi qui es la dernière des salopes ! la dernière des putains ! la… »

Elle éclata de rire ; et, avec le ton que prend une femme de trente-six ans parlant à un jeune homme de vingt ans, elle me dit :

« Ta bouche, mon petit ! on t’en foutra des aventures pour les remerciements qu’on en reçoit ! Tu encules mes trois filles, tu encules leur mère ; nous nous relayons à quatre pour te faire tirer sept coups, et le lendemain, quand tu me vois, tu cherches un nom d’oiseau, tu m’appelles putain ?

— C’est que…

— Je ne suis pas une toquée comme Charlotte, moi, je ne me branle pas devant ta queue et j’ai pas besoin que tu m’appelles putain pour que je décharge.

Mais aussi…

— Et puis je le sais bien que je suis une putain, par le con, le cul et la bouche ! Et puis, je m’en fous ! Et puis… »