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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/161

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rais été bien naïf si j’avais cru qu’elle attendait, pendant ce troisième entracte, mes compliments pour sa petite fille.

Elle mit son regard sur mes yeux.

Sa main sur mon flanc.

Sa cuisse sur ma cuisse.

Rien de plus. Une minute lui suffit pour obtenir, sans aucun attouchement direct, le résultat qu’elle cherchait. Plus las d’esprit que de corps, j’eus la paresse de ne pas accueillir par une allocution vibrante la réussite instantanée de ce magnétisme à distance. Je n’aime pas servir de sujet aux scènes de thaumaturgie ; et du reste je commençais à connaître Teresa : je devinais sans peine qu’elle avait eu dessein d’exciter mes sens, non de les satisfaire.

« Je ne veux plus rien te dire sans que tu bandes ! fit-elle impitoyablement.

— Vous voyez devant vous, soupirai-je, le jeune homme martyr dont il a été question dans les journaux.

— Bande et attends ! Fais comme moi. Quand Lili va me gousser, tu verras si je me retiens.

— Votre religion vous l’ordonne, madame ? Cette forte résolution est la conséquence d’un vœu ? »

Avec un petit rugissement, elle m’empoigna par… Oh ! j’aime encore moins ces plaisanteries-là !… Mais ce ne fut qu’une menace. En quelques mots elle fit savoir ce qu’elle m’offrait de voluptés, ce qu’elle attendait de ma persévérance, et le rôle que jouerait Lili. Je ne vous le dis pas ; ce n’est point par dis-