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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/163

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mure égal, ardent, coupé de sourires :

« Chut ! Écoute-moi bien. Je suis calmée à présent ; tu me croiras. Le voilà, mon vice. Le voilà, mon bonheur. Je suis allée dans mon bordel. J’ai pris au choix la petite putain que je voulais. Tu peux l’appeler putain, celle-là, comme Charlotte. Moi seule, tu n’as pas le droit de m’appeler putain.

« Et quelle putain ! Elle n’est même pas ma gousse ; elle ne m’a pas fait jouir ; elle vient lécher le foutre que j’ai fait pour toi. Hier c’était la même scène et ce n’était pas la même putain. J’ai déchargé pour ta queue dans la bouche de Charlotte, pour ta queue ! ta queue ! ta queue ! et tu ne l’as pas compris, puceau ! »

Que ce dernier mot fut adroit ! Elle sentit que je ne la suivais point, que Lili m’avait amusé, que je pensais trop à Lili ; et, d’un mot, elle changea la source de ma mauvaise humeur en m’exaspérant pour la troisième fois par ce nom de puceau. Cela dit, elle me ferma la bouche, doubla ses violences de langage et mit un tremblement dans son murmure :

« Pas une mère n’a fait boire autant de lait à ses filles que je leur ai fait boire de foutre. Celle-ci a dix ans, elle me tète encore. Pas mes tétons ! mes tétons, je te les donne pour te chauffer les mains, te caresser les couilles, te serrer la queue ! Si j’avais du lait dans mes tétons, je te le donnerais à toi, pas à elle. Regarde-la sucer, comme un petit chat qui tète sous le ventre d’une chatte ! Elle n’a que dix ans ! Combien d’années aurai-je encore sa langue dans le cul ? Charlotte me tète le